Responsable: >Mohamed-Salah Omri

A45 - Lettres et sciences humaines et sociales critiques face aux précarités sociales, soutenu par le réseau scientifique international « Endangered humanities »

Date : 2022-09-20 | 14:00:00-16:00:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A
Lieu :
ISAMM
Salle :
C7
Responsable : Mohamed-Salah Omri
Modérateur·trice :
Discutant·e :
Les intervenant·e·s :
El Khouni Mohsen Université de Tunis El Manar
Marimoutou Carpanin Université de La Réunion
Sefrioui Kenza N/A
Mohamed-Salah Omri Université d'Oxford
Le Marec Joelle Musée National d'Histoire Naturel
Babou Igor Sorbonne Paris Cité

A45 - Lettres et sciences humaines et sociales critiques face aux précarités sociales, soutenu par le réseau scientifique international « Endangered humanities »  FR

Salle : C7
Responsable : Mohamed-Salah Omri, St John’s College, University of Oxford (Royaume Uni)

  • Kenza Sefrioui, Éditions En Toutes Lettres, Casablanca, (Maroc), Openchabab Traduction : traduire les humanités arabes
  • Mohsen El Khouni, Institut Supérieur des sciences humaines, Tunis El Manar et Mohamed-Salah Omri, St John’s College, University of Oxford, (Angleterre), Partager les connaissances dans la Tunisie post-autoritaire : Notes du terrain
  • Marimoutou Carpanin LCF, Université de la Réunion, (France), Pensée décoloniale, littérature et culture des mondes créoles de l'océan indien
  • Joëlle Le Marec, Patrimoines locaux, Environnement et Globalisation, MNHN, (France), Endangered Humanities : vers une éthique de la recherche en sciences humaines et sociales
  • Igor Babou, Ladyss, Université de Paris, (France), Vers un classement contre hégémonique des universités : pour un renversement contestataire de l’évaluation internationale des établissements ( à distance )

A45 - Lettres et sciences humaines et sociales critiques face aux précarités sociales, soutenu par le réseau scientifique international « Endangered humanities »  FR

Vulnérabilité des sciences humaines et sociales : cultiver les alliances 

Dans cet atelier, nous souhaitons réfléchir à la situation et à la protection des sciences humaines et sociales critiques, en les considérant comme des formes culturelles et des pratiques sociales et politiques fragilisées. La période que nous traversons, avec ses réductions des libertés publiques, ses attaques anti-intellectualistes, ses renoncements à exercer librement la critique, nous pousse à nous regrouper pour accroître nos capacités à voir au-delà de ce qui est promu et prescrit comme  important et innovant par les standards de la recherche internationale. Quelles sont les pratiques d’enquêtes et les nouveaux récits en sciences humaines et sociales dans ce contexte de sensibilisation aux précarités rencontrées partout dans les institutions ?  

Pour cela, nous choisissons de nous intéresser dans cet atelier à des modes d’enquête et des pratiques de sociabilité qui ne sont pas structurés par des normes et injonctions issues du management de la recherche internationale, mais par des nécessités et des importances tissées dans la vie académique quotidienne : terrains de l’enquête, attention portée aux interlocuteurs et alliés peu visibles, alliances avec d’innombrables acteurs dont nous dépendons. Il s’agit de fonder nos épistémologies, nos alliances et nos modes d’organisation du travail scientifique sur la reconnaissance d’une diversité de régimes de savoirs et de manières de faire science, et sur la décolonisation de nos imaginaires, pratiques et sociabilités.

Responsable : Mohamed-Salah Omri, St John’s College, University of Oxford (Royaume Uni)


  • Kenza Sefrioui, Éditions En Toutes Lettres, Rabat, (Maroc), Openchabab Traduction : traduire les humanités arabes
De juin à décembre 2019, En toutes lettres a porté un projet de traduction collective d’une anthologie de Textes de la culture marocaine moderne (1917-1999). Ce projet s’est inscrit dans le cadre du programme de formation de jeunes aux valeurs humanistes, Openchabab.com, qui s’est élargi à la traduction : dix jeunes, accompagnés de trois mentors, se sont emparés de cet héritage et, en le portant vers le français, en ont questionné de façon critique le contexte, les concepts et la portée. Ce travail prend sens dans un contexte marqué, selon l’expression du théoricien de la littérature Abdelfattah Kilito, par la coexistence de « deux monolinguismes qui s’ignorent », et par l’hégémonie du français sur l’arabe, le premier désigné comme langue de la modernité et le second assigné à la tradition et au religieux, ce qui n’est pas sans conséquences sur le débat public. Par le transfert de concepts inhérents à la modernité de l’arabe vers le français, mais aussi par la transmission non verticale mais délibérément collaborative de ces ateliers ainsi que par la démarche d’édition inclusive, cette pratique de la traduction, premier volet d’un projet dédié aux humanités arabes, est une façon de résister à l’occultation de concepts et de formes inhérents à la pensée critique.


  • Mohsen El Khouni, Institut Supérieur des sciences humaines, Tunis El Manar et Mohamed-Salah Omri, St John’s College, University of Oxford, (Angleterre), Partager les connaissances dans la Tunisie post-autoritaire : Notes du terrain
Sous un régime répressif, le mouvement universitaire en Tunisie a produit et défendu des mots d’ordre tels que : université populaire, éducation à la démocratie, culture patriotique. La révolution de 2010-2011 a ouvert de nouvelles possibilités pour ces idéaux. La révolution de 2010-11 a ouvert de nouvelles perspectives pour travailler dans le sens de ces idéaux, notamment par le recentrage des connaissances sur les communautés locales, précaires et marginalisées.  Elle a également mobilisé les sciences humaines et la pensée critique comme moyens de lutte contre la violence et la répression. Dans cette communication, nous développerons un récit réflexif à deux voix sur une expérience qui a débuté en 2012 en Tunisie, avec une collaboration entre plusieurs partenaires à l'intérieur et à l'extérieur du pays, y compris des associations de la société civile, des décideurs politiques et des producteurs culturels. 

Deux objectifs clés ont été fixés : rompre l'isolement épistémologique des communautés locales et des universités locales, et ainsi impliquer la société dans le travail de l'université.    Une telle collaboration permettait de traiter l’héritage autoritaire. Les sciences humaines, y compris les pratiques culturelles, sont au cœur du processus de construction démocratique et d’un ancrage des principes dans l’exercice de la citoyenneté. Le savoir entre le local et le global à Kasserine, en 2018, était une première édition de ce projet, gérée par la communauté. La méthodologie s'est appuyée sur la diversité des lieux (une université locale, un lycée et un syndicat), des thèmes et des hiérarchies et rapports de pouvoir.  Trois axes principaux ont été travaillés : la connaissance historique ; la connaissance littéraire et intellectuelle ; la connaissance environnementale. Chaque axe a réuni des universitaires, des praticiens, des responsables politiques et des militants.  Les concepts de reconnaissance mutuelle, de pensée critique et de tolérance des différences ont été au cœur de l'expérience. Nous dresserons un bilan critique de l'expérience pour réfléchir aux possibilités d'un véritable partage des épistémologies entre des acteurs aussi divers que ceux qui ont participé à l'expérience. 


  • Marimoutou Carpanin LCF, Université de la Réunion, (France), Pensée décoloniale, littérature et culture des mondes créoles de l'océan indien
Cette proposition est destinée à faire reconnaître le caractère structurel, systémique, d’une invisibilité de la mémoire esclavagiste et coloniale dans le monde politique et universitaire contemporain. C’est pourquoi les études créoles, en particulier lorsqu’elles interrogent, selon une perspective décoloniale,  les mondes, les cultures, les voix et les discours tels que les littératures les problématisent, sont actuellement non pas marginales, mais essentielles : il s’agit de revisiter les conditions de cette invisibilité, et de les voir opérer dans la culture, et de proposer une autre vision de ce que nous pouvons partager, pour nous ouvrir des avenirs moins violents. La crise actuelle des institutions académiques, affaiblies et attaquées par les accusations d’islamo-gauchisme et d’atteintes aux valeurs républicaines, est aussi liée à une intensification salutaire de la critique de l’universalisme contemporain. Il s’agit de rendre possibles, concrets, présents, une vision “pluriverselle” des savoirs et des pratiques en sciences sociales et dans les humanités


  • Joëlle Le Marec, Patrimoines locaux, Environnement et Globalisation, MNHN, (France), Endangered Humanities : vers une éthique de la recherche en sciences humaines et sociales
Dans cette proposition, je développerai les conditions de constitution d’un réseau de réflexion et d’action en sciences humaines et sociales. Le contact quotidien avec des jeunes chercheurs privés de postes, des collègues en exil, des étudiants et des collègues impliqués dans et hors les universités, rendent difficile le maintien des formes classiques de fonctionnements des laboratoires, constamment en matière de recherche de financements et de promotion du prestige. Nous sommes exposés au risque d’une perte de sensibilité à l’université comme milieu de vie. Je présenterai plus particulièrement le projet, né pendant le confinement lors de l’apparition de la pandémie du COVID 19, d’une charte éthique pour assumer dans le fonctionnement ordinaire de la recherche les conséquences des savoirs que nous produisons sur les inégalités et les invisibilités dans la recherche elle-même. Je développerai la dynamique du réseau « Edangered humanities » réunissant des collègues de nombreux pays autour du partage de la réflexion sur les situations vécues et les expérimentations situées, que nous avons intérêt à rendre visibles.  


  • Igor Babou, Ladyss, Université de Paris, (France), Vers un classement contre hégémonique des universités : pour un renversement contestataire de l’évaluation internationale des établissements
Les indicateurs de performance de l’enseignement supérieur et de la recherche, ainsi que les dispositifs d’évaluation et de classement (des laboratoires, des formations, des revues savantes, etc.) ont profondément transformé l’ensemble des pratiques académiques, tout en s’appuyant sur un ethos scolaire déjà bien présent dans ces contextes : celui du tableau d’honneur, des examens, des concours. On ne saurait donc pointer les dérives libérales et managériales, ou l’esprit de la concurrence généralisée impulsée notamment par le classement de Shanghai, sans dans le même temps, se livrer à une autocritique du terreau institutionnel et idéologique qui a facilité la propagation de la doxa du « ranking » et de l’« excellence ».
S’il est important d’analyser et de décrire précisément cette doxa, et les dispositifs, enjeux, et pratiques et médiatico-académiques qui l’ont co-construite (Barats, Bouchard, et Haakenstaad, 2018), on ne peut en rester là si l’on souhaite libérer les sciences Lettres et sciences humaines et sociales de ce carcan qui les a assujetties à des logiques de marché et de concurrence néfastes pour leur créativité, voire létales du point de vue de leurs aspirations critiques et émancipatrices. 
Dans cette table ronde, nous souhaitons partager un projet très concret, et dialectique, consistant à transformer ce qui nous aliène en force d’émancipation. Et si, au lieu de subir et de nous plaindre des indicateurs et des classements, nous renvoyions aux bureaucrates de l’évaluation et à leurs tutelles la monnaie de leur pièce en élaborant un « classement contre hégémonique » ? On pourrait ainsi construire collectivement, puis diffuser largement, un classement international des universités qui, au lieu de privilégier la concurrence, la mise en marché des savoirs, et une conception étroite et individualiste de l’excellence, valoriserait les pratiques de soutien aux précaires, l’aide aux disciplines et aux cursus rares, le renforcement des Lettres et SHS, les collaborations entre académiques, associations, syndicats, activistes et ONG, les pratiques et publications conjointes entre chercheurs et porteurs de savoirs locaux, le tissage patient de rapports « Nord-Sud », et la promotion de l’entraide, du care, de l’indiscipline, et du refus de la marchandisation. C’est certes un énorme chantier définitionnel, qui ne pourra se mener que sur la base d’une enquête internationale visant à recueillir des témoignages, des expériences, et des documents. Mais cela peut être également passionnant, tout en constituant une arme de reconquête d’espaces de liberté pour nos champs disciplinaires menacés de destruction, ainsi que pour les alliées non universitaires avec qui nous sommes en relation. 

Vulnerability of the humanities and social sciences and alliances

In this workshop, we want to work on vulnerability and protection of critical humanities and social sciences, considering them as cultural forms and social and political practices that are threatened. The period we are living through, with its cuts in public liberties, its anti-intellectualist attacks, its renunciations of the free exercise of criticism, pushes us to regroup in order to increase our capacities to see beyond what is promoted and prescribed as important and innovative by international research standards. What are the investigative practices and new narratives in the humanities and social sciences in a context of awareness of precariousness encountered by many people, in and out the institutions?  

To do this, we choose to focus on modes of enquiry and practices of sociability that are not structured by norms and injunctions from international research management, but by the necessities and importances woven into everyday academic life: fields of enquiry, attention to less visible partners and allies, alliances with countless actors on whom we depend.It is a matter of grounding our epistemologies in a recognition of what matters to each other, and allowing ourselves to be traversed by these importances in such a way that they transform regimes of visibility in the social sciences and humanities.    

Responsable : Mohamed-Salah Omri, St John’s College, University of Oxford (Royaume Uni)


  • Kenza Sefrioui, Éditions En Toutes Lettres, Rabat, (Maroc), Openchabab Traduction : traduire les humanités arabes
Openchabab : translating Arabic Humanities

From June to December 2019, “En toutes lettres” (edition) carried out a project to collectively translate an anthology of texts of modern moroccan culture (1917-1999). This project was part of the Openchabab.com training programme for young people in humanist values, which was extended to translation: ten young people, accompanied by three mentors, took hold of this heritage and, by translating it into French, critically questioned its context, concepts and scope. This work makes sense in a context marked, in the words of the literary theorist Abdelfattah Kilito, by the coexistence of "two monolinguals that ignore each other", and by the hegemony of French over Arabic, the former designated as the language of modernity and the latter assigned to tradition and religion, which is not without consequences for public debate. Through the transfer of concepts inherent to modernity from Arabic into French, but also through the non-vertical but deliberately collaborative transmission of these workshops, as well as through the inclusive publishing approach, this practice of translation, the first part of a project dedicated to the Arab humanities, is a way of resisting the occultation of concepts and forms inherent to critical thinking.


  • Mohsen El Khouni, Institut Supérieur des sciences humaines, Tunis El Manar et Mohamed-Salah Omri, St John’s College, University of Oxford, (Angleterre), Partager les connaissances dans la Tunisie post-autoritaire : Notes du terrain
Sharing knowledges in post-authoritarian Tunisia: Notes from the field

Under repressive rule, the university movement in Tunisia produced and defended the slogan: popular university, democracy education, patriotic culture. The revolution of 2010-11 opened up new possibilities for these ideals. Chief among them was a re-centering of knowledge to focus on local, precarious and marginalised communities.  It also revived possibilities for the humanities and critical thinking as means to counter violence and repression. The paper will be a joint reflective narrative of an experiment, which started in 2012 in Tunisia based on collaboration between several parties inside and outside the country, including civil society associations, policy makers and cultural producers. 
Two key goals were set: breaking the epistemological /knowledge isolation of local communities and local universities, and involving local society in the work of the university.   Settling the authoritarian legacy required this collaboration. The humanities, including cultural practices, are central to the process of democratic construction and rooting principles of citizenship. Knowledge between the local the global in Kasserine, 2018, was the first community-oriented and community-run edition of this project. The methodology relied on diversity in locations (local university; a high school and a trade union), themes and hierarchies of power.  Three main axes were debated: historical knowledge; literary and intellectual knowledge; environmental knowledge. Each axis brought together academics, practitioners, policy makes and activists.  At the heart of the experiment are concepts of mutual recognition; critical thinking and toleration of differences. The paper will review the experiment critically and highlight possibilities for genuine exchange of epistemologies among actors as diverse as those involved in the experiment.  


  • Marimoutou Carpanin LCF, Université de la Réunion, (France), Pensée décoloniale, littérature et culture des mondes créoles de l'océan indien
Decolonial thought, literature and culture of the Creole worlds of the Indian Ocean

This proposal is intended to recognise the structural, systemic character of the invisibility of slaves and colonial memory in the contemporary political and academic world. This is why Creole studies, especially when they interrogate, from a decolonial perspective, worlds, cultures, voices and discourses as problematised by literatures, are currently not marginal, but essential: it is a question of revisiting the conditions of this invisibility, and seeing them operate in culture. We also propose another vision of what we can share, in order to preserve less violent futures. The current crisis of academic institutions, weakened and attacked by accusations of Islamogauchism against republican values, is also a political reaction to the criticism of contemporary universalism. How can we make possible, concrete, present, a pluralistic vision of knowledge and practices in the social sciences and humanities. 


  • Joëlle Le Marec, Patrimoines locaux, Environnement et Globalisation, MNHN, (France), Endangered Humanities : vers une éthique de la recherche en sciences humaines et sociales
Endangered Humanities and Ethics in the Humanities and Social Sciences

In this proposal, I will develop the conditions for the constitution of a network for reflection and action in the humanities and social sciences. The daily contact with researchers and colleagues deprived of posts, students and colleagues involved in and out of universities, make it difficult to maintain the classic forms of laboratory, constantly in search of funds and prestige. We are exposed to the risk of losing sensibility to the university as living environment. We will present some examples of  dynamics in "Edangered humanities" network, bringing together colleagues from many countries to share reflections on lived situations and situated experiments, which it is in our interest to make visible.  

More specifically, I will present the project, which was born during the containment of the COVID 19 pandemic, of an ethical charter to assume in the ordinary functioning of research the consequences of the knowledge that we produce on inequalities and invisibilities in research itself. 


  • Igor Babou, Ladyss, Université de Paris, (France), Vers un classement contre hégémonique des universités : pour un renversement contestataire de l’évaluation internationale des établissements
Towards a counter-hegemonic ranking of universities

Performance indicators in higher education and research, as well as evaluation and ranking systems (for laboratories, courses, academic journals, etc.) have profoundly transformed academic practices as a whole, while relying on a school ethos that was already present in these contexts: logic of honour, examinations, competitions. It is therefore impossible to point out the liberal and managerial excesses, or the spirit of generalised competition driven in particular by the Shanghai ranking, without a self-criticism of the institutional and ideological roots that facilitated the propagation of the doxa of 'ranking' and 'excellence'.
It is important to analyse and describe precisely this doxa, and the mechanisms, issues, and media and academic practices that have co-constructed it (Barats, Bouchard, and Haakenstaad, 2018), we cannot stop there if we wish to free humanities and social sciences from this straitjacket and strong  dependances  to market and competition logics. These are harmful to their creativity, and even lethal from the point of view of their critical and emancipatory aspirations. 
In this communication we wish to share a very concrete and dialectical project, consisting of transforming what alienates us into a force for emancipation. What if, instead of suffering and complaining about indicators and rankings, we make a proposal by developing a "counter-hegemonic ranking"? In this way, we could collectively construct, and then widely disseminate, an international ranking of universities which, instead of strengthening competition, marketing of knowledge, with a narrow and individualistic conception of excellence, would value practices of support for the precarious, and help for rare disciplines and courses, the strengthening of the humanities and social sciences, collaboration between academics, associations, unions, activists and NGOs, joint practices and publications between researchers and local knowledge holders, the patient weaving of 'North-South' relationships, and the promotion of mutual aid, care, indiscipline and the refusal of commodification. This is certainly an enormous definitional task, which can only be carried out on the basis of an international survey aimed at collecting testimonies, experiences and documents. But it can also be exciting, while constituting a weapon for reclaiming spaces of freedom for our disciplinary fields threatened with destruction, as well as for the non-academic allies with whom we are in contact.




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