Responsable: >Simon Pierre

AG43 - Les amis de la famille. Les relations de patronage dans le gouvernement de l’Empire islamique au premier siècle de l’Hégire

Date : 2022-09-22 | 08:45:00-10:45:00

Évènement : Congrès INSANIYYAT

Programme détaillé : cliquer ci-contre
Catégorie :
A.G
Lieu :
ISAMM
Salle :
C6
Responsable : Simon Pierre
Modérateur·trice :
Discutant·e : Sobhi Bouderbala
Les intervenant·e·s :
Bouali Hassan Nanterre
Hafsa Houneida Université de Tunis
Pierre Simon Sorbonne Université

AG43 - Les amis de la famille. Les relations de patronage dans le gouvernement de l’Empire islamique au premier siècle de l’Hégire FR

Salle: C6
Responsable: Simon Pierre, Sorbonne Université & IFPO, France
Discutant: Sobhi Bouderbala, Université de Tunis & IMéRA, Aix-Marseille Université, Tunisie/France.

  • Hassan Bouali, Université Paris Nanterre, CHISCO, (France), Le rôle sociopolitique des clients dans la seconde moitié du VIIe siècle
  • Houneida Hafsa, Université de Tunis, Un client est-il toujours bon ?
  • Simon Pierre, Sorbonne Université & IFPO, (France), Fier d’être mawlā : les amis des puissants 

AG43 - Les amis de la famille. Les relations de patronage dans le gouvernement de l’Empire islamique au premier siècle de l’Hégire FR

Le Moyen-Orient des débuts de l’Islam constitue un cas unique pour étudier l’établissement d’un nouvel État sur de vastes territoires auparavant sous la domination de différents souverains. Comment un pouvoir encore jeune et largement dépendant des relations avec les tribus et des structures administratives héritées des précédents empires a-t-il pu s’installer durablement et renforcer progressivement son contrôle sur les provinces et les sociétés dominées ? Un élément crucial de réponse réside sans doute dans le développement de relations de patronage entre les détenteurs du pouvoir et leurs soutiens. Ceux-ci pouvaient être des élites qui devenaient des relais du calife ou des hommes nouveaux se mettant au service du souverain ; ils pouvaient appartenir aussi bien au milieu des conquérants qu’aux sociétés soumises. Afin de mieux cerner le rôle de ces individus dans le gouvernement de l’Empire en ce siècle précédant l’émergence des plus anciens textes narratifs arabes, nous nous appuierons sur les sources non arabes et l’archéologie, mais aussi sur les vestiges documentaires, épigraphiques et numismatiques. Une attention particulière sera accordée à la walāʾ dont l’usage, en dépit de récentes études lexicographiques, reste encore à mieux appréhender pour la période antérieure aux formalisations juridiques du IIe siècle. Cette table ronde, en envisageant ce système familial, patrimonial et clientéliste, souhaite participer à une approche renouvelée de l’administration du premier califat.

Responsable: Pierre Simon, Sorbonne Université & IFPO, France
Discutant: Sobhi Bouderbala, Université de Tunis & IMéRA, Aix-Marseille Université, (Tunisie/France).

  • Hassan Bouali, Université Paris Nanterre, CHISCO, (France), Le rôle sociopolitique des clients dans la seconde moitié du VIIe siècle
Loin de réduire leur rôle à une simple subordination symbolique à l’égard de leurs patrons, les sources écrites arabes mettent en lumière les capacités d’agir (agency) des mawālī. Dans certaines inscriptions de la fin du premier siècle de l’hégire, être mawlā est tout à la fois un marqueur identitaire et la mise en scène d’un capital symbolique. En tenant compte de ces remarques, nous montrerons à partir d’études de cas le rôle sociopolitique fondamental des mawālī dans la seconde moitié du VIIe siècle, des Sufyānides à ʿAbd al-Malik, sans oublier le « moment zubayride ». La priorité sera donnée à une analyse serrée des sources arabes afin de sortir de la vision réductrice induite par les formalisations juridiques postérieures. Sans omettre leur rôle à l’occasion des conflits opposant les Umayyades et les Zubayrides, nous montrerons que des personnages considérés comme des mawālī mirent leurs compétences au service des pouvoirs de la seconde moitié du VIIe siècle, dont ils furent des agents de la domination, de la concentration des ressources et de la célébration de la mise en ordre du monde.  


  • Houneida Hafsa, Université de Tunis, Un client est-il toujours bon ?
Le mawlā, client, est par définition une personne liée à l’Arabe par le lien de walāʾ. Il lui doit du soutien et de l’alignement afin d’être digne du nom de son patron qui s’engage pour sa part à le protéger. Ce genre de relations était fréquent chez les Arabes et a contribué, au moment de la fondation de l’empire islamique, à établir leur pouvoir sur les territoires dominés. Ce faisant, un client était conçu comme ne pouvant être que bon et bénéfique pour son maître. Néanmoins, certains récits arabes proposent une toute autre image du mawlā. On pense particulièrement au récit d’Abu Luʾluʾa Fayrūz, mawlā d’al-Muġīra b. Šuʿba et assassin du deuxième calife ʿUmar b. al-Ḫaṭṭāb. Cette communication propose une analyse de son histoire et une réflexion autour de son image de client afin d’essayer de répondre aux questions suivantes : Comment cette image du client « ennemi » ou de l’anti-client a-telle été forgée ? Pour quelles raisons ? Et à quel point propose-elle une image différente du client-type dans sa loyauté et son alliance ?  


  • Simon Pierre, Sorbonne Université & IFPO, (France), Fier d’être mawlā : les amis des puissants 
L’historiographie contemporaine a été façonnée par l’idée que les mawālī constituaient une catégorie sociale inférieure qui réunirait des personnes d’origine non arabe et (donc) non musulmanes, réellement ou symboliquement passées par la captivité, affranchies et rattachées à la tribu de leur ancien maître. Or, durant le premier siècle de l’Islam, ni l’origine ethnique ni l’affiliation tribale ne furent des critères exclusifs de définition du rang social. Des catégories socio-économiques comme les ʿulūǧ furent plus tard ethnicisées. À l’inverse, nombre de notables musulmans explicitement arabes auraient privilégié le nasab de leur patron à celui de leur communauté d’origine. Le lien de walāʾ était avant tout celui d’une protection entre un personnage plus puissant (un patron) et un personnage plus faible (un client). Les sources non-arabes anciennes ainsi que les documents de la pratique permettent de rendre compte que bien des mawālī, loin d’être de simples convertis, ou des captifs affranchis, revendiquaient au contraire ce statut qui matérialisait leur amitié avec un émir. Les premiers « commandeurs des croyants » usèrent de ce lien interpersonnel hérité d’une conception antique de la familia élargie pour patronner les régions contestataires de l’empire en y nommant des hommes qu’ils s’y affiliaient par wilāya

Friends of the Family. Patronage in the Government of the Islamic Empire During the First Century A.H.

The Middle East during early Islam is a unique case to study the institution of a new state over vast areas previously under the rule of different empires. How such a recent power, largely dependent on tribal relations and inherited administrative structures, had been able to establish itself in the long term and to gradually strengthen its control over dominated provinces and societies? A crucial element resides in the development of patronage relations between those in power and their supporters. They could be elites who became relays for the Caliph, or new men putting themselves at the service of the sovereign. They could belong to the conquerors or to the subjugated societies. In order to better understand the role of these individuals in the government of the early Islamic empire during the century preceding the emergence of the oldest Arabic narrative texts, we will draw on non-Arabic sources and archeology, but also on documentary, epigraphic and numismatic evidence. Particular attention will be paid to the walāʾ which, despite recent lexicographical studies, remains to be better defined for the period preceding the legal formalizations of the second century. By considering this familial, patrimonial and clientelist system, this workshop aims to participate in a renewed approach to the administration of the first caliphate.

Responsable: Pierre Simon, Sorbonne Université & IFPO, France
Discutant: Sobhi Bouderbala, Université de Tunis & IMéRA, Aix-Marseille Université, (Tunisie/France).


  • Hassan Bouali, Université Paris Nanterre, CHISCO, (France), Le rôle sociopolitique des clients dans la seconde moitié du VIIe siècle
The Socio-Political Role of Clients in the Second Half of the Seventh Century

Far from reducing their role to a simple symbolic subordination to their patrons, Arabic sources highlight agency of the mawālī. In some inscriptions from the end of the first century AH, being a mawlā is both a marker of identity and the staging of a symbolic capital. On the basis of these observations, we will demonstrate with a few case studies the fundamental socio-political role of mawālī from the Sufyānids to ʿAbd al-Malik, not forgetting the Zubayrids. Priority will be given to a close analysis of Arabic sources in order to break the reductive vision induced by subsequent legal formalizations. Keeping in mind their role during the conflicts between the Umayyads and the Zubayrids, we will show that some historical figures considered as mawālī put their skills for the ruling regimes, being thus their agents of domination, of concentration of resources, and celebration of the ordering of the world.


  • Houneida Hafsa, Université de Tunis, Un client est-il toujours bon ?
Is a client always good ?

The mawlā, client, is by definition a person bound to an Arab by the bond of walāʾ. He owes him support and alignment in order to be worthy of the name of his patron, who for his part undertakes to protect him. This kind of relationship was common among the Arabs and helped, at the time of the founding of the Islamic empire, to establish their power over the dominated territories. Thus, a client was conceived as being only good and beneficial to his master. Nevertheless, some Arab narratives offer a very different image of the mawlā. One thinks particularly of the account of Abū Luʾluʾa Fayrūz, mawlā of al-Muġīra b. Šuʿba and assassin of the second caliph ʿUmar b. al-Ḫaṭṭāb. This paper offers an analysis of his history and a reflection around his image as a client in an attempt to answer the following questions: How was this image of the “enemy” client, or anti-client, formed? For what reasons? And to what extent does it suggest a different image of the typical client in its loyalty and alliance?  


  • Simon Pierre, Sorbonne Université & IFPO, (France), Fier d’être mawlā : les amis des puissants 
Proud to Be a Mawlā. Friends of the Mighty 
 
Twentieth century historiography has been shaped by the idea that the mawālī belonged to an inferior social category bringing together people of non-Arab – and (therefore) non-Muslim – origin, effectively or symbolically passed through captivity, and then freed and attached to the tribe of their former master. However, during the first century of Islam, neither ethnic origin nor tribal affiliation were exclusive criteria for defining social rank. Socio-economic categories like the ʿulūǧ were only later ethnicized. Conversely, many prominent explicitly Arab Muslims are said to have preferred the nasab of their patron to that of their home community. The link of walāʾ was above all a protection bond between a more powerful person (a patron) and a weaker person (a client). Early non-Arabic sources as well as practical documents allow to realize that many mawālī, far from being simple converts, or freed slaves, on the contrary claimed their status as the materialization of their friendship with an emir. This interpersonal relationship inherited from an ancient conception of the extended familia was especially used by early “Commanders of the Believers” to control the dissenting regions of the empire by appointing or patronizing men through the wilāya.

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