AM38 - Genre, famille et communauté

La microfinance est un ensemble de services financiers et non financiers destinés exclusivement aux personnes touchées par la pauvreté. Les services de microfinance adaptés aux pauvres ont connu un succès vu leur capacité à cibler les pauvres et à améliorer leur bien-être. Le microcrédit est l’un des services le plus offert par la microfinance aux pauvres dont le nombre de bénéficiaires en 2015 se situait à plus de 175 millions d'individus dans le monde (World Humanitarian Data and Trends, 2016). Les femmes ont réussi à accéder aux microcrédits après avoir été exclues du secteur bancaire puisque il y a un manque de garantie, d’analphabétisme et de mobilité limitée (Cheston et Kuhn, 2002). Le microcrédit a réussi à aider les femmes non seulement à développer leurs entreprises mais dans certains cas à  offrir aux femmes sans emploi un capital de départ. Cela implique que les femmes deviennent fondamentalement propriétaires de ressources productives et peuvent réussir à être compétitives dans leurs domaines d’activité choisis. Aujourd’hui, les femmes pauvres sont intégrées au développement car elles ont réussi à rembourser leurs prêts et à améliorer leurs modes de vie. On voudra mettre en lumière la relation existante entre les jeunes femmes emprunteuses et le remboursement des prêts dans les institutions de microfinance en Afrique. 

La famille apparaît pour les sociologues comme un lieu d’observation par excellence des changements sociaux.  De même, l’analyse du budget des ménages a été toujours traitée par les sociologues et les économistes afin de repérer les changements des rapports familiaux et sociaux. Ces analyses se rapportaient essentiellement aux aspects économiques et monétaires du budget. D’ailleurs, une des caractéristiques de la sociologie est de comprendre la famille dans le contexte des modes de production, donc de l’économie. En outre, la famille est considérée comme une entité économique au sein de laquelle, il existe une interaction de diverses pratiques pécuniaires entre les membres qui la compose. Pour mieux repérer les mutations familiales, nous réalisons donc un examen du budget familial à travers des déterminants socio-économiques, et ce en observant les différents comportements économiques que déploient les membres de la famille dans leur vie quotidienne, allant de l’analyse des modes de contribution, de gestion, de la structure de consommation et de dépense (projets économiques, crédit, épargne…).   

Cette contribution traite de quelques résultats préliminaires d’une recherche de thèse en cours. Basé sur des données ethnographiques et des références secondaires, notre regard analytique s’inspire de l’approche genre qui considère la dimension intersectionnelle, pour saisir les différentes formes de différenciations sociales dans l’activité de pêche chez les  Imraguen. Les Imraguen forment une communauté du sud marocain qui se prolonge jusqu’au littoral mauritanien. Ils s’identifient culturellement à un environnement marin, s’y ressourcent et en exploitent les richesses. Cet espace maritime est construit par des pratiques et des représentations qui structurent le rapport socioculturel à la mer. Tous ces aspects se dessinent sur un fond culturel régi par des différenciations et des enjeux de pouvoir complexes, de multiples facteurs de discrimination intersectionnelle qui animent les vécus des hommes et des femmes. Il est question d’une division de travail impliquant des représentations, des rôles et des statuts sexués, selon une différenciation socialement ancrée. Les hommes s’occupent de la pêche, les femmes sont chargées du traitement du poisson et au-delà de cette répartition des tâches, se forge tout un système social imbriqué dans un contexte saharien hiérarchisé, et qui semble dévaloriser l’activité maritime et marginaliser ceux qui la pratiquent. Les femmes Imraguen semblent être face à une différentiation double liée à l’ethnicité, à l’appartenance socioéconomique et au sexe.